Resume |
La présente étude documentaire sur les travailleurs migrants au Bénin a
contribué à une meilleure connaissance des flux migratoires au Bénin.
Elle a aussi identifié et analysé les principaux défis des travailleurs
migrants et leurs formes d’organisation. Elle a indiqué la perception
réciproque des syndicats et des travailleurs migrants au Bénin ainsi
que les enjeux et défis pour une part davantage contributive de ces
travailleurs à l’économie nationale par la focalisation des parties
prenantes sur leurs intérêts supérieurs.
Cette étude est réalisée d’une part à partir du traitement de la base
de données fournie par la Direction de l’Emigration et Immigration
(DEI) sur les flux migratoires et d’autre part à partir des données
traitées issues du Recensement Général de Population et de l’Habitat
de 2013 au Bénin. Ces diverses données ont permis de dresser le
profil des travailleurs migrants et d’analyser les tendances migratoires
au Bénin de 2010 à 2018. Les résultats obtenus montrent que le
stock migratoire du Bénin en 2013 est de 234 241 immigrants sur
une population de 10 008 749 habitants soit 2% environs dont 44%
sont des femmes. La pyramide des âges des flux migratoires de 2010
à 2018 montre une base et un sommet plus rétrécis que ceux de la
pyramide des âges du stock migratoire de 2013. La première étude de
valorisation du stock migratoire du Quatrième Recensement Général
de la Population et de l’Habitat (RGPH4) a conclu à la féminisation
de la migration au Bénin tandis que les flux migratoires récents
ont révélé que la migration féminine est visible, certes, mais reste
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inférieure à la migration masculine. Les flux migratoires de la décennie
en cours révèlent l’émergence de l’immigration asiatique tandis que
l’étude de valorisation des données du RGPH4 semble occulter cette
tendance migratoire aux conséquences économiques et sociales
importantes. Ces différences dans les résultats traduisent l’adoption
d’une démarche statistique différenciée de collecte de données entre
la DEI et l’Institut National de Statistiques et de l’Analyse Economique
(INSAE). La DEI s’appuie sur la définition conventionnelle de la
migration internationale comme les « mouvements de population
sous toutes leurs formes, indépendamment de leur durée, de leur
composition et de leurs causes. Elle englobe les mouvements de
réfugiés, de déplacés, de migrants économiques et de personnes
se déplaçant à d’autres fins, telles que le regroupement familial »
(CNUCED, 2018) tandis que pour l’INSAE, c’est « tout déplacement
dont la durée est de six mois ou plus ».
Le principal défi révélé par cette description du profil de l’immigration
au Bénin est l’harmonisation de la définition opératoire adoptée
par l’INSAE avec les définitions conventionnelles de migration
internationale et concepts associés pour des études fiables avec des
données comparables au plan international.
En plus, l’étude documentaire a révélé que le cadre légal est très fourni
en matière de conventions ratifiées qui protègent les travailleurs en
général et les travailleurs migrants en particulier. Le Bénin dispose
aussi d’un arsenal législatif et réglementaire assez cohérent en
faveur des travailleurs migrants. Cependant, l’étude a montré aussi
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que l’organisation d’une meilleure éthique de l’altérité migratoire au
Bénin passe par la ratification de la convention relative aux travailleurs
et travailleuses domestiques et la mise en œuvre effective de toutes
les conventions ratifiées dans le domaine des travailleurs migrants en
général.
Cette revue documentaire a également montré que la politique
migratoire du Bénin est assez pertinente sur les forces, faiblesses,
opportunités et menaces en ce qui concerne la protection, la
promotion des droits des travailleurs et de leur participation aux
actions de développement socioéconomique à diverses échelles
territoriales au Bénin.
Ces différents résultats peuvent servir de base aux choix stratégiques
d’interventions de la FES ; choix qui renforcent les syndicats comme
acteurs progressistes dans la protection, la promotion des droits des
travailleurs migrants et leur participation appuyée au développement socioéconomique local et national. |