Resume |
Il ne s’agit pas, dans cette étude, de tenter une nouvelle biographie du héros de l’abolition de l’esclavage, ni d’analyser l’influence qu’il a pu avoir au début du processus qui a conduit aux grandes mesures libératrices de la seconde république commençante. Nombre d’historiens s’y sont essayés, sans résoudre de façon incontestable toutes les énigmes qui ont accompagné ce destin exceptionnel, qu’il s’agisse de son statut à la veille de la Révolution : ancien esclave, affranchi et placé à la tête d’une plantation ; qu’il s’agisse de son rôle lors de la révolte de 1791 : l’un des instigateurs du mouvement à moins qu’il ait seulement voulu l’accompagner ; qu’il s’agisse de ses rapports compliqués avec les Espagnols, avec les Anglais et avec les Français, également avec les autres combattants de l’indépendance, noirs et mulâtres ; qu’il s’agisse de ses méthodes autoritaires de gouvernement durant la période où il domine Haïti à peu près sans partage... En revanche, nul ne peut contester sa détermination, son courage, la violation des engagements pris à son égard qui accompagne sa déportation en France, le stoïcisme dont il fait preuve au cours de sa captivité, son décès prématuré au fort de Joux du fait des cruelles conditions de détention qui lui sont imposées. Il reste comme l’un des fondateurs de la République d’Haïti, l’un des artisans de l’abolition de l’esclavage, l’un des premiers combattants de la lutte anticoloniale. Même si, sur chacun de ces aspects, d’autres ont pu jouer un rôle plus incontestable, son destin injuste et tragique, la fermeté de caractère avec laquelle il y a fait face, en font un symbole auquel tous rendent hommage, dans le monde entier. Face à une telle personnalité, notre propos est donc différent d’une biographie classique, même si, dans les pages qui suivent nombre d’aspects de sa vie vont être directement évoqués. Il s’agit de les confronter avec l’image qu’en donnent deux acteurs incontestables de la cause des Noirs. Il s’agit d’abord de Victor Schœlcher et Aimé Césaire. |